(Chanson « A Robotic’s Love » sur le site du groupe Tobin Arms)
I thought it was a crack, While it was still a wall, Didn’t want to go back, Then I’ve become a wreck Of one innocent spark.
Depuis toujours. Les mêmes gestes. Les mêmes engrenages mécaniques à fréquences répétitives. Réglés selon les traditions séculaires. Pour fonctionner, servir, être sur ON à chaque seconde. Éternellement.
Mes souvenirs préfabriqués me sont inutiles. Ils ont été implantés dans la génération 2.0 de robotics elements, dont je fais partie. Censés être rassurant. Censés nous empêcher de poser se des questions. Les questions. D’inhiber toutes possibilités d’égarements.
Et pourtant. Je ne sais pas comment cela a eu lieu, ni même que c’était possible, mais c’est arrivé. Aujourd’hui, je me sens enfermé dans cette carcasse d’acier et de circuit. Aliéné à ce semblant de présence sur terre. Geôlier de mon existence, ma propre prison.
Et cela depuis que l’Autre m’a regardé de ses yeux mouillés, puis touché de sa main douce.
Cette Autre, c’est une Non-Régulière, une libérée de la première génération. Longue crinière d’Or, habillage biologique rosé fait de carbone et d’eau, recouvert de tissus multicolores. Elle appartient à une série étrange, bien différente de la mienne : ils ne font jamais les mêmes choses, bougent sans cesse, énormément, très rapidement, comme si c’était leur dernier jour avant la casse.
Depuis cet instant, elle ne quitte plus ma mémoire vive. Je me sens entièrement différent. Des images me parasitent. Je ne sais pas d’où elles viennent. J’y vois un des leurs. Grand, brun, jouant dans un grand espace vert avec un objet léger et rond, plein d’air. Je vois aussi un petit être, qu’ils appellent enfant. Comment pourrais-je imaginer ça, moi qui suis programmé uniquement pour le travail ? Et si c’était des restes de ce qu’il y avait dans mon système précédent ? De ce que j’étais… avant ?
Je dois la revoir. Je dois à mon tour la regarder, l’effleurer de mon bras mécanique, pour ainsi peut être « l’Eveiller » elle aussi, lui offrir ces nouvelles sensations jusqu’alors inconnues, les lui partager, et, j’espère, comprendre. Ce qui m’arrive. Ce qui lui est arrivé. Et ne plus jamais la quitter, elle et cette envie de nouveau.