Mercredi 06/02
Je ne reviendrais pas sur le week-end, puis la semaine de dingue qui s’est déroulée à l’assemblée. Entre Twitter qui prend une importance hors norme dans le déroulement des débats, et les parties de scrabble qui permettent aux branleurs de ne pas s’endormir… Quelques vidéos qui montrent que, somme toute, l’avenir de la France est entre les mains de gens qui font pipi et caca comme les autres.
Taubira part en fou rire à l’Assemblée
Taubira accueille le mariage homo avec poésie
Jacob et Taubira s’écharpent sur le « triangle…
Jeudi 07/02, 18h
Hier soir, dépêche AFP: mort de Chokri Belaid, leader de l’opposition laïque en Tunisie. Hier, puis aujourd’hui, de violents affrontements ont opposé les forces de l’ordre avec les militants de l’opposition. Des locaux du parti islamiste au pouvoir incendiés. La mort d’un policier. Un appel de grève générale a été lancé, alors qu’on s’attend au pire pour les funérailles Chokri Belaid, vendredi après-midi. Le pays retombe dans la violence, 2 ans après le printemps arabe.
Situation prévisible.
Depuis que Ennahda est au pouvoir, rien ne laisser présager un renouveau. Les mouvements radicaux, comme celui des salafistes, prennent leurs aises ; les milices islamistes continuent en toute impunité leurs exactions religieuses. Dans le camp d’en face, une population désabusée, à majorité jeune. Une crise économique et sociale qu’on ne pensait pas possible la chute de Ben Ali. Un chômage qui explose, des investissements étrangers inexistants et des touristes qui fuient… Et dire qu’ils rêvaient, il y a deux ans, de printemps ensoleillés sous le soleil de la liberté et de la laïcité.
Bref, ce crime politique (pour l’instant d’origine inconnu, et tel que l’on connait les gouvernements de ce genre, probablement jamais élucidé) n’est que le résultat d’une addition, entamée par l’incapacité d’un pouvoir extrémiste à donner à son peuple sa légitime liberté. Ou ce crime n’est peut-être que le début d’un nouveau mouvement « par la rue et pour la rue« . Tout est résumé dans une phrase que j’ai lu ce matin dans Libé (honte à moi d’avoir oublié celui qui l’a prononcé) « Cela devrait peut-être montrer (aux dirigeants des pays) que seul le peuple reste après eux ».
Vendredi 08/02, 11h.
Le chef du service Eco me lance un « hey ptit gars (oui, c’est le privilège d’être stagiaire), tu ne fais rien là? Suis-moi, j’ai quelque chose à te montrer ». J’avance dans un couloir. Un escalier. Un autre long couloir. Un sous-sol mal éclairé (bon, j’avoue que là j’ai repensé au film Irréversible), puis une grande porte qu’il ouvre. « Bienvenu dans la cathédrale de papier« . Devant moi, un grand entrepôt où des centaines de bobines de papiers d’une tonne chacune s’entassaient, paisiblement, avant de finir dispatchés en journal en quelques jours. Il me montre après l’énorme salle d’expédition, et ensuite les six rotatives. Je revoyais les vieux reportages américains en noir et blanc, où l’on voyait l’impression du Times et y faisait la promotion de la liberté et du libéralisme… Entre le moment où l’on rentre la bobine et le moment où le journal sort coupé et plié, rangé en paquet et prêt à être livrer, des centaines de points cruciaux où une seule erreur peut entrainer une réaction en chaîne catastrophique. Dès la première impression à 23h, des milliers de personnes se relaient afin de ne pas briser l’immense mécanique, œuvre d’art perfectionné au fil des ans, pour que le lendemain avant sept heures, tes parents, tes voisins, ton coiffeur, la veuve au coin de la rue, puissent le lire accompagné de croissants chauds.
Moi, il me faut 0,2356643 seconde pour toucher ma cible (Merci Google). Je clique sur un bouton, et c’est publié. Ça ne m’a rien couté, je n’ai emmerdé personne, à part peut-être un informaticien à l’autre bout du monde qui a remarqué avoir perdu un peu de place sur son disque dur.
Alors, que PRESSTALIS arrête de nous faire chier avec leurs histoires de grèves. Cette semaine, la majorité des quotidiens nationaux n’ont pas pu être imprimés et distribué chaque jour. Les kiosques sont vides, les amoureux du papier sont en chagrin. La seule société de distribution française de presse (fait hérité des lois d’après-guerre, protégeant le monde des journaux collabo), qui chérit par ailleurs d’énormes avantages, refusent le plan de restructuration qui touche un secteur en crise, à l’heure où l’information (celle sandwich, sans analyse, non vérifiée, copié collé d’une dépêche qui arrive d’on ne sait où) se trouve partout sur internet. Par son action, la politique de Presstalis n’est pas de sauver les meubles, non. C’est de couler toute la maison, toute la beauté qui fait de la presse quotidienne française une Histoire à elle seule, en la bloquant à la source.
En pensant faire pression sur les politiques et les médias pour obtenir satisfaction, elle va juste accélérer la chute d’une presse qu’on a longtemps espéré sauver.