Le Musée d’histoire naturelle de Lille est le seul musée de la métropole à posséder des collections d’insectes vivants entre ses murs, ainsi qu’un service d’entomologie en perpétuelle recherche de nouveauté.
Généralement, une visite au musée, c’est observer des tableaux. Ou des vases design au prix exorbitant. Ou des squelettes d’animaux morts il y a des milliers d’années. Or, certains musées possèdent des collections aux spécimens botaniques ou zoologiques vivants, comme le Musée d’histoire naturelle de Lille. Plus de 30 vitrines, où se répartissent près de 80 espèces d’insectes différentes, et des centaines de spécimens vivants.
Tout ce petit monde est sous la responsabilité de l’entomologiste de l’établissement, Olivier Boilly. Présent au musée depuis cinq ans maintenant, le scientifique gère l’ensemble des insectes présent au musée. « C’est un métier chronophage, mais tellement fascinant », raconte-t-il avec plaisir. Mygales, cétoines, phasmes, blattes, grillons… Prédateurs et prédatés vivent paisiblement entre les vitrines d’exposition et les boites de rangement du laboratoire, et remplissent le quotidien du spécialiste. Nourrir de blattes les gros insectes deux fois par semaine, changer les ronces des décors naturels des vitrines, récupérer les gros œufs des insectes pondeurs pour les placer dans une boite d’incubation… « Pour tous les matins, y retrouver des œufs éclos et des petits ».
Les insectes proviennent des quatre coins de la planète, principalement d’Afrique, d’Amérique du Sud et d’Asie. Il faut tenir compte de leur environnement naturel et social d’origine. Ainsi, la luminosité, la chaleur et l’humidité de leur bac de présentation sont rigoureusement contrôlées. « Il n’y a pas de protocoles précis à suivre, c’est plutôt un contrôle permanent des insectes. » Par exemple, certains grillons d’Amérique du Sud vivent sous la chaleur de spot lumineux, alors que les fourmis champignonnistes – elles cultivent elles-mêmes un champignon pour se nourrir – sont à température basse et humidité précise jour et nuit. « Le plus des espèces tropicales, c’est qu’elles viennent de climat constant toute l’année, et donc n’ont pas le même rythme des saisons que celles de France ou d’Europe, relate le scientifique. Si c’était le cas, nous ne les exposerions uniquement l’été, comme dans la nature ».
La deuxième partie du travail d’Olivier Boilly est la préparation de collections d’insectes morts. Après un travail d’identification et de classification rigoureux, les échantillons sont traités contre d’éventuelles parasitoses, avant d’être encadrés, c’est-à-dire cloués sur des plaques et mis sous verre. « Nous devons congeler et décongeler l’ensemble du cadre au moins une fois par an précise-t-il, cela détruit les microorganismes qui colonisent les cadavres d’insectes
L’une de ses missions est également de renouveler ses collections. Pour cela, il participe régulièrement à des congrès d’entomologie, où les échanges de “tuyaux” sont habituels. “On discute des différentes espèces que l’on possède, du meilleur moyen d’optimiser les élevages. Parfois, on s’échange des espèces entre musées” explique-t-il. Mais le conservateur est avant tout un passionné. Il passe énormément de son temps libre à s’informer de l’actualité des insectes, afin d’apporter de nouvelles curiosités, même du bout du monde. Le musée n’a pas les moyens de financer des expéditions lointaines. “Alors, sur mes fonds propres, je vais régulièrement en chercher de nouveaux spécimens, toujours aussi curieux et fascinants, sur d’autres continents”.