À l’occasion de la Toussaint, les Lillois, comme beaucoup de Français, iront honorer leurs morts. Pour certains, cette journée est faite d’habitude que l’on essaye de transmettre aux générations futures.
« Un moment solitaire et nécessaire ». Geneviève Daneau caractérise ainsi sa présence au cimetière de l’Est. À chaque Toussaint et « aux dates importantes », elle se recueille sur la tombe de son défunt mari, Pierre, décédé d’un cancer il y a 4 ans. La retraitée, qui se sent « apaisée par le calme et la beauté du lieu », amène toujours avec elle des roses du jardin qu’elle dépose près du nom de l’époux. « Il profite encore un peu de la maison comme ça », confie-t-elle en arrosant les quelques fleurs qui poussent autour de la stèle.
On peut aussi y venir aussi en famille, comme le font les Maertens, tous réunis autour des tombes de Martine, la grand-mère, et Jules, l’oncle « parti trop tôt ». Charles, le grand père, enlève avec le bout de son parapluie les feuilles mortes sur le rebord de la dalle de marbre. Il raconte, les yeux rivés sur le prénom gravé, que « c’est une tradition de tous venir le premier novembre ». Cécile, dernière de la famille, porte le grand panier de fleurs, ramené pour ornementer la concession. Pour la jeune fille de seize ans, ce moment n’a « rien de glauque, Au contraire ! » C’est « convivial, on se recueille puis on parle d’anecdotes, ça resserre les liens familiaux. » Après avoir nettoyé la sépulture et ravivé les souvenirs, tout le monde s’en va pour un repas au domicile familial.
« C’est une journée importante, certains viennent de très loin. »
Un clairon sonne alors non loin de là. Grands drapeaux bleu blanc rouge, des uniformes, des couronnes florales d’honneur, et le chant aux morts qui résonne dans le silence du cimetière. Les institutions se réunissent en mémoire de la population militaire et civile morte pour la France. Le cortège, constitués d’officiels militaires et municipaux, vont de sépultures en monuments. Des gerbes sont déposées aux victimes des bombardements, aux fusillés de guerre, ou au monument de Louis Faidherbe, Chancelier de la Légion d’Honneur, « grand homme de l’Histoire dont tous les Lillois devraient être fiers », exprime Philippe-Jean Parquet, Commandeur de la Légion d’honneur. Ces cérémonies, il y assiste tous les ans, et les trouve essentielles. « Si on ne répand pas la mémoire de ceux qui nous ont guidés et montré la voie, nous ferons obligatoirement de nouvelles erreurs », déclare-t-il solennellement.
Les années se suivent et se ressemblent pour le cimetière de l’Est. « Nous avons, comme d’habitude, renforcé les équipes d’intérimaires et nous ouvrons plus longtemps » expose Patricia Penez, chef de service état civil et cimetière à la mairie de Lille. « C’est une journée importante, et on découvre que des personnes viennent de très loin pour se recueillir, ou juste montrer aux jeunes générations les ancêtres de la famille. »
Exercice: 3 feuillets max, reportage sur le terrain le 1er novembre.